En revanche, parfois, ça s’apparente à de la gestion de projet. J’ai travaillé dans le conseil en communication, ma boîte avait une (petite) activité événementiel, mais une AG du CAC 40 c’est de la gnognotte à organiser à côté d’un mariage ! La preuve, un mariage ça prend bien plus de temps. (comment ça je suis de mauvaise foi ?)

Jugez donc.

Dociles et disciplinés comme nous sommes, mon fiancé et moi avons commencé par (tenter de) faire un fichier Excel des gens à inviter. Hmm, lui ? et elle ? il a une copine, machin ? oui, mais je ne la connais pas. Oh quand même, on ne va pas lui demander de venir sans elle ! Et eux, ils ont des enfants, mais ce seront les seuls enfants, ils vont s’ennuyer. Ah non, il y a bidule aussi, elle a deux enfants. Ah merde, il faut supprimer une ligne, truc a rompu avec sa copine. Attends, on a oublié de mettre nos parents. On est combien, là ? Euh, il faut qu’on en vire vingt, on est hors budget… Je sais pas qui, am stram gram…

Mais les noms des invités ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Après, il faut chercher leurs coordonnées, pour les faire-parts. Téléphone et e-mail, c’est fait en dix minutes. Mais l’adresse postale ? Euh… Lui, on le voit souvent, il habite au troisième gauche dans cet immeuble moderne en face du métro Pasteur, mais c’est quel numéro déjà ? et quelle rue, en fait ?

Après, c’est comme une compagnie aérienne, il faut identifier les végétariens, les gens qui mangent casher, ceux qui mangent hallal, et on ne va quand même pas faire un menu enfant en plus… ah si, tu crois ?

C’est là qu’arrive le deuxième Excel : le budget. Faire des estimations conservatices, respecter les normes IFRS et ne pas oublier le traiteur dans les charges à payer. Et la robe. Et la salle. Des fleurs ? Qué fleurs ? En termes de financement, si on a les fonds propres pourquoi pas, mais on augmentera notre retour sur investissement avec un levier. Le mieux serait de titriser tout ça, la tranche senior, la tranche junior, la mezzanine, le high yield, l’equity. Et puis appeler Moody’s pour noter les tranches et trouver quelqu’un à qui fourguer le 3C.

Quoi d’autre… caler une date. On peut s’estimer heureux, l’hiver on est en concurrence avec moins d’autres mariages qu’en mai ou en septembre. Trouver les témoins. Essayer de leur faire gentiment comprendre que l’enterrement de vie de célibataire, euh… c’est à dire… (oui, c’est à toi que je parle, je sais que tu me lis !)

Nous ne sommes qu’au début. Les joies des essayages de robe, de coiffure, de maquillage et tutti quanti restent à venir. Ainsi que le notaire et la déco. Mais franchement, avec tout ce qu’on doit organiser, vous ne nous en voudrez pas si on vous laisse vous asseoir tous seuls comme des grands où vous voulez, sans en plus expérimenter toutes les permutations possibles de 50 personnes pour trouver un plan de table ?**

* Le titre est une référence à « L’anthropologie n’est pas un sport dangereux » (« Not a hazardous sport » en VO), par Nigel Barley, un livre très drôle mais aussi émouvant, écrit par un anthropologue. ça se poursuit dans deux ou trois autres volumes. Ce sont des notes de voyage, mais pas que, je l’ai lu il y a des années sur le conseil de mon amie Marion, qui a toujours et avant tout le monde des bonnes références de bouquins que je n’aurais jamais trouvées toute seule. Pour dire, en 98, elle lisait Harry Potter.

** Il existe 50! (cinquante factorielle) permutations possibles de 50 éléments, soit environ 3.041 x 10^64 : la première personne a 50 places possibles. Une fois qu’elle est placée, la deuxième personne a 49 places possibles parmi les sièges vides, et ainsi de suite jusqu’à la dernière personne, qui se retrouve là où il restait une place, entre tonton Maurice et le petit cousin Lucas, 14 ans. Il y a 1 x 2 x 3 x … x 48 x 49 x 50 façons de placer ces gens, ce qu’on note 50! et qui est un tout petit peu trop pour mes nerfs…